Tout a commencé quand j’étais petit. Ma mère me disait tout le temps de ne pas tirer la chasse une fois pour la grosse commission et une fois pour la petite mais plutôt de regrouper les deux alors que tout ce que j’aimais c’était le gros pressoir. Et depuis, ma vie n’est qu’une succession de gaspillages et de surconsommation, à moitié par esprit de contradiction mais aussi par pur plaisir.
En effet quoi de plus plaisant que de tirer un bon coup sur un vieux moteur diesel à froid et en côte pour voir la conso instantanée passer à du 40L/100 ? Mettre le chauffage à fond alors que la fenêtre est grande ouverte et qu’il gèle dehors ? Le contraste chaud au corps et courant d’air frais sur le visage est tellement agréable… Cependant, la vraie révélation n’est arrivée que quelques années plus tard.
C’était un samedi ensoleillé et mon père et moi-même avions pris l’initiative de nettoyer la maison pour que la maternelle ne soit plus si aigrie. Pour ce faire, le jour des poubelles étant passé et la cave et la cuisine étant jonchées de sacs poubelles oubliés, nous décidâmes de tout brûler. Non seulement les poubelles mais aussi le vieux grille-pain cassé ou la télé hors d’usage en passant par les PMC et les marqueurs vides de mon petit-frère. En une demi-heure seulement on avait devant les yeux un brasero joyeux aux couleurs multiples et à l’odeur subtile. C’était bel et bien mieux qu’un cinéma, et en plus il ne fallait même pas sortir de chez soi. Quelques heures plus tard, tout était parti en cendres ou presque, il ne subsistait que le squelette métallique du grille-pain et des flaques de plastique solidifiées. Tout cela fut alors emballé et après une petite balade en voiture à travers la campagne, allègrement jeté par la fenêtre au bord d’un sentier isolé. De toute façon, les seuls qui passaient par là c’était les vieux et les clochards. Cette journée, j’ai compris que je n’aimais pas seulement gaspiller ou surconsommer : j’aimais polluer.
Depuis lors, les scientifiques ont tiré de nombreuse fois la sonnette d’alarme pour ce qu’ils appellent le réchauffement climatique. Des gens en ont même fait des films : Al Gore l’homme qui n’est jamais parvenu à être président (G. W. Bush était bien meilleur candidat) nous a donné Une vérité qui dérange, et Mélanie Laurent a tourné Demain. Deux films très amusants mais je préfère encore The Walking Dead. Et puis à quoi bon alarmer tout le monde alors que tout va très bien et que les prix de l’essence et du diesel sont si bas ?
Pour terminer, j’ai surtout l’impression que cette histoire de réchauffement est une invention des pays en voie de développement qui ont envie de faire porter le chapeau aux gens civilisés pour tous les dégâts causés par le climat. Mais qu’on se le dise, ce n’est pas notre faute s’ils ne sont pas fichus de construire des bâtiments correctement ou de prévoir un bête tsunami.
Antain
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