Des filles de l’orch’ plus et moins bien gaulées

23 avr. 2017 /

Et oui, "des" puisque c’est le dernier ingénu de cette année alors un peu de nostalgie s’il-vous-plaît. Commençons tout en finesse avec une bière que j'affectionne énormément …

La Bière Ikea

Un délicieux lager décliné à la fois en blonde (Öl Ljus Lager) et en brune (Öl Mörk Lager) que vous pouvez acquérir dans tout Ikea qui se respecte !
Au premier nez, la blonde est assez proche de la Carlsberg. Cependant, lorsqu'elle touchera, ou plutôt heurtera vos papilles gustatives, elle sera la jumelle exacte de la Kaiser avec une touche de savon en plus. Oui, cette petite-là est de la pisse à l'état pur et je vous déconseille d'y fourrer votre museau.

À l'inverse de sa sœur, la brune n'a même pas un premier nez potable puisqu'elle évoque directement une bière que vous auriez oublié dans votre cave 10 ans après la date de péremption. Mais pour ce qui est du goût, elle met la barre encore plus haut de par son insipidité. La consistance est quasi inexistante, comparable en réalité à celle d'une tasse de thé refroidie (Merci à Kiki d'avoir établi la métaphore !), et le déséquilibre est total : elle n'a ni rondeur, ni avant ni arrière-goût : un vrai désastre. 
On conclura assez vite cette séance de sadomasochisme, je n'en peux plus passons à quelque chose de plus sérieux. 

La Ramée Ambrée

L'ordre de Cîteaux implanta, vers 1215, une abbaye de moniales à Jauchelette, en amont de Jodoigne : la Ramée. Inutile de vous gaver de détails sur ce qu'elle signifia à chaque époque depuis sa naissance à nos jours mais citons pour la forme qu'elle fût entre autres une des pièces maîtresses de la présence cistercienne en Brabant-Wallon notamment de par son scriptorium réputé pour la calligraphie et l'enluminure, qu'elle constituait à l'époque un domaine comprenant terres et bois dans de nombreux villages avoisinants (dont Bomal, Perwez, Ramilies, Spy, Taviers et Rosières par exemple, pour prendre les plus significatifs), qu'elle servit d'hôpital militaire lors de la bataille de Ramilies (victoire du duc de Ramilies sur les troupes de Louis XIV en 1706) ou encore d'école un peu plus tard sous la prospérité du régime autrichien. (TA GUEULE CAJOT ON A SOIF !)

La brasserie de Brunehaut a repris le flambeau de la recette traditionnelle de l'abbaye et produit plusieurs Ramées, la Ramée Triple Blonde et Triple Ambrée, en bouteille, ainsi que la Blanche et la Blonde au fût. Bien que la blanche ait gagné un petit prix en 2012, je parlerai surtout ici de l'ambrée triple. Celle-ci, à l'odeur séduisante tirant surtout sur le houblon et la réglisse, n'est ni trop douce, ni trop amère en avant-goût; juste assez caractérielle que pour piquer votre curiosité. Mais le vrai visage de la Ramée Triple Ambrée n'est dévoilé qu'en arrière-goût où elle offre certainement une bonne rondeur, sublimée par une amertume déjà nettement plus marquée avec des arômes plus sucrés voire fruités qui viennent équilibrer le tout. Niveau céréales, on y retrouve malt d'orge, malt caramélisé et houblon sélectionnés avec soin. Cette petite perle frappe à du 7,5° d'alcoolémie et se sert à la même température.  Vous en trouverez notamment chez Beer Lovers.

La Botteresse Ambrée

En tant que bons liégeois j'espère que vous savez tous ce qu'est une botteresse mais si ce n'est pas le cas, voici votre chance de laver votre honneur... Une botteresse, qui, en wallon liégeois, signifie porteuse de hotte, était une femme qui s'attelait au transport à la hotte (surtout en osier). Cette profession était très rare, même à son apogée d'alors, car elle n'était utile que dans certaines situations particulières où le terrain était impraticable pour les bêtes ou les engins. Le contenu de la hotte variait drastiquement d'une fois à l'autre; ce pouvait être du charbon, de la terre, sur certains chantiers, de la nourriture ou quelque autre marchandise. On voyait des botteresses quasi exclusivement dans la région de Liège et c'est d'ailleurs pour cette raison qu'on attribua ce métier folklorique à la fameuse Nanesse. Autre petite anecdote, ce sont également ces braves liégeoises qui assurèrent à elles-seules l'entièreté du transport de la terre constituant la butte de Waterloo (aux alentours de 1824).

La Botteresse Ambrée satisfera autant les amateurs de bières spéciales que les défenseurs de produits locaux avec son premier nez très épicé. L'avant-goût est caramel, noix et épices et s'efface doucement devant un arrière-goût légèrement fruité (agrumes, légèrement raisin, zestes de citrons), peu amer et assez persistant. Toujours en format 33cl, elle titre à du 8,5° et est brassée à partir de malts Pale Ale et de malts torréfiés par deux cousins, Willy et José, dans le village de Sur-Les-Bois de la commune de Saint Georges. Si vous êtes chanceux, vous trouverez peut-être de la Botteresse dans votre Delhaize. Mais s'il y en a, c'est quasi toujours l'ambrée qui partira la première. Ne tardez donc pas trop avant de vous en emparer amoureusement.

Oud Geuze

Oud Beersel est une de ces vieilles brasseries traditionnelles prestigieuses qui n'a plus à faire ses preuves dans le monde de la zythologie. Elle fut fondée en 1882 par Henri Vandervelden, un ancien travailleur de la brasserie De Kroon (Uccle), et devint immédiatement une affaire familiale en étant reprise successivement par le fils (Egidius) et le petit fils (Henri II, oui oui). La brasserie se spécialisa directement dans un type particulier de bière : la lambic; et est rapidement perçue comme une autorité en la matière. D'ailleurs l'Oud Geuze fut déclarée Meilleure Gueuze au monde par "Beers of the World" et gagna de nombreux prix. Entre autres on citera rapidement : médaillée d'argent au WBC (World Beer Cup) de 2008, World's Best Lambic \& Gueuze au WBC de 2009 et 2011, médaillée d'or de Belgique au WBC de 2015 ainsi que World's Best Sour, Best Style Winner et Belgium Winner au WBC de 2016. Tout ça pour vous dire qu'il est interdit de passer à côté.

Les premiers élans d'Oud Geuze arrivant dans vos narines vous évoqueront directement les fruits et la campagne (bois et paille, je trouve, dites-moi ce que vous en pensez !). Comme toute bière lambic, l'Oud Geuze part sur une base légèrement acidulée voire surette en bouche; mais étant l'assemblage de lambics traditionnels de différentes années, elle est bien plus riche au palais qu'une gueuze lambda. On goutera entre autres les fruits secs et le houblon qu'on retrouve dans les céréales constituantes au côté du blé et de l'orge malté. L'arrière-goût, également acidulé, subsiste plutôt longtemps. Toujours au format 37,5 cl, elle est à 6° et se trouve à peu près partout où on peut trouver des bonnes chopines.

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